Tout projet part d’un contexte qui lui est propre. C’est à partir de ce contexte qu’il s’élance, s’anime, trouve son chemin, exprime ses valeurs et détermine ses actions. L’âme du projet appelle auprès de lui des individus qui, de par leur sensibilité et leur personnalité, se reconnaissent dans ses fondements et sont prêts à se mêler à son histoire. Quelle est cette histoire propre au jardin des Grandes Gamelles ?

De l’usager du Centre social à l’habitant jardinier…

La naissance du projet a été impulsée par le centre socioculturel. En 2006, une sortie familiale a été organisée pour visiter les jardins communautaires lillois. En 2007, un groupe d’habitants s’est rendu sur le Jardin communautaire de la ville voisine, Escaudain, pour participer à de petits chantiers nature. Motivé par ces premiers contacts, le Centre social de Denain a demandé aux AJOnc de venir présenter la démarche de jardin communautaire lors d’une réunion rassemblant élus, techniciens de la Ville, salariés et habitants usagers du Centre. Chacun, à son niveau, fut alors convaincu de l’intérêt d’un tel projet éco-citoyen pour ce quartier en mutation. Après quelques tergiversations avec la mairie sur l’emplacement définitif du jardin, l’appropriation concrète de la démarche par les habitants s’est vite accomplie : réunion publique de présentation en avril, « Planté de chaises » pour asseoir le projet, et lancement officiel (en présence du Maire et de son Conseil Municipal) en septembre 2008. Sensibilisés à l’intérêt écologique d’un jardin au naturel, les habitants ont dessiné le plan d’aménagement. Le groupe s’est réuni en réunion de concertation avec l’animatrice du centre socioculturel et les AJOnc une fois par mois pour construire collectivement le projet et des chantiers se sont déroulés une fois par semaine pour aménager ce site de 2500 m2 : création de prairies sauvages, d’une mare, d’un coin compost, de cabanes en saule vivant, plantation de haies champêtres d’essences régionales. Pour la réalisation du portail, le groupe est allé visiter l’atelier de Franck GUIHAL, artiste ferronnier à Lille. Ce groupe a réalisé des dessins pour façonner ce portail à leur image. On y trouve deux visages qui s’interpellent, des insectes ici et là, mettant en exergue les valeurs de lien social et de respect de l’environnement porté par le groupe. Cette clôture, officiellement inaugurée le 23 décembre 2010, a été financée par la région.

Les années 2011 et 2012 ont été, comme le quartier, centrées sur l’avancement du bâti. L’abri convivial a été construit avec du matériel de récupération sous forme de chantier participatif avec le collectif « les Saprophytes », société coopérative d’architecture et de paysage qui s’appuie sur la capacitation citoyenne par des chantiers collectifs afin de transmettre leurs savoir-faire aux habitants. Différents groupes du centre socioculturel ont participé à cette réalisation. D’autres aménagements ont été réalisés avec l’aide des AJOnc : fabrication d’un abri à outils, délimitation du coin potager et aménagement de chemins.

De 2013 à 2015, les habitants ont continué l’entretien du site et ont terminé les derniers aménagements (toilettes sèches, bar, hôtel à insecte). Ce jardin a été façonné collectivement par les habitants investis dans le projet mais également avec d’autres sous forme de chantiers participatifs avec les écoles du quartier, d’autres groupes du centre social. Tout au long de l’année, des temps festifs et pédagogiques y sont mis en œuvre : journées vertes, Festival « Art tourne à t’Nature », Rallye Nature avec l’école, barbecues, création d’un groupe d’enfants « les petites brindilles » en Halte-garderie, club nature dans le cadre des temps périscolaires. Le jardin communautaire et les actions qu’il engendre est un lieu fédérateur des forces vives du quartier. C’est un lieu qui développe les initiatives et la créativité. Outre l’aménagement et l’entretien de ce site, le jardin est un outil pédagogique et éco-citoyen en lien avec les écoles et les habitants du quartier. C’est aussi un lieu festif et de rassemblement. Le projet du jardin communautaire s’inscrit également dans la dynamique du réseau des jardins partagés en participant à des temps inter-jardins organisés par les AJOnc.

De 2018 à aujourd’hui, le projet du jardin se structure en pôle développement durable et une animatrice supplémentaire est embauchée pour diversifier les fonctions et les services rendus par le projet jardin et essaimer notre savoir-faire capitalisé. Les actions autour du jardin communautaire se développent en dehors du jardin avec la création d’un jardin d’insertion, l’aménagement d’un verger solidaire de 7500m2 sur l’espace public et l’installation de jardins en carrés chez l’habitant. Nous réalisons des formations jardin une fois par mois sous forme d’apéro’jardin pour accompagner l’autoproduction des habitants qui souhaitent expérimenter la production d’aliments. Notre intervention permet d’aménager des espaces nourriciers avec les habitants et de créer des passerelles entre le jardin communautaire, l’espace public, l’espace privé et le territoire. Nous avons renforcé le volet pédagogique en intervenant dans les structures socioéducatives pour accompagner leurs projets jardin ou accueillons des groupe au jardin pour des animations nature.